Insuffisance ovarienne précoce et infertilité

Publicado el 13/09/2021

Qu’est-ce que l’insuffisance ovarienne précoce ?

L’insuffisance ovarienne précoce (FOP – Premature Ovarian Failure) également dénommée ménopause précoce est définie par l’arrêt pathologique de l’activité ovarienne de façon prématurée (avant 40 ans), avec pour conséquence une aménorrhée, une perte de fertilité et la diminution de la sécrétion des œstrogènes. En général, ce phénomène est dû à l’épuisement de la réserve ovarienne et au fait que l’ovulation n’ayant pas lieu, l’ovaire ne produit plus d’œstrogènes ni de progestérones, et par conséquent la menstruation disparaît.

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Cette pathologie est pratiquement toujours précédée de ce qu’on appelle « l’insuffisance ovarienne occulte » qui consiste en une insuffisance ovarienne avant 40 ans sans syndrome climatérique ni aménorrhée, et qui ne peut être diagnostiquée qu’à travers une évaluation dans du sérum des hormones impliquées dans le cycle menstruel.

Quelle en est la cause ?

 
Au moment de sa naissance, la femme possède un certain nombre d’ovules, lors de chaque cycle menstruel environ 30 ovules vont entamer un processus de maturation même si, généralement, seuls quelques uns vont aller au bout de ce processus se détachant dans les trompes de Fallope durant l’ovulation, les autres ovules ayant entamé ce processus ne parviendront pas à ovuler et seront perdus au cours d’un processus appelé atrésie folliculaire.

Certaines femmes subissent un phénomène d’atrésie folliculaire très accélérée ce qui réduit leur vie reproductive. Certains facteurs, détaillés ci-dessous, expliquent cette accélération du processus d’atrésie folliculaire :

  • Conséquences post-opératoires après ablation partielle ou totale des ovaires.
  • En cas de dérèglements chromosomiques / génétiques
    • Syndrome de Turner
    • Syndrome de Swyer
    • Syndrome d’insensibilité aux androgènes
    • Syndrome du X fragile
    • Héréditaire : Le risque de développer un FOP augmente lorsqu’il existe des antécédents familiaux directs.
  • Certaines maladies auto-immunes peuvent être aussi associées à une insuffisance ovarienne précoce. Le système de défense (auto-immunité) ne reconnaît plus l’ovaire et crée des anticorps pour lutter contre ce dernier ce qui entraîne une accélération ou la destruction de la réserve d’ovules.
    • Dysfonctionnement de la thyroïde
    • Défaut ou insuffisance polyglandulaire de Type I et II
    • Hypoparathyroïdisme
    • Arthrite rhumatoïde
    • Purpura thrombopénique idiopathique (ITP)
    • Diabètes
    • Anémie pernicieuse
    • Insuffisance surrénale
    • Vitiligo
    • Lupus érythémateux systémique également appelé LES ou lupus
  • Certains agents toxiques : tabac, pesticides, dissolvants, etc.
  • Les traitements de radiothérapie et / ou de chimiothérapie, que ce soit à la suite d’un cancer ou d’autres maladies bénignes, peuvent entraîner la destruction de la réserve d’ovules existants. En fonction de l’âge et des doses administrées, ce phénomène pourra être ou non réversible.
  • Défauts enzymatiques / métaboliques
    • Galactosémie
    • Thalassémie majeure traitée avec des transfusions sanguines multiples
    • Hémochromatose
  • Infection virale

Est-elle fréquente ?

Elle touche 1 femme sur 100 de moins de 40 ans et 1 femme sur 1000 de moins de 30 ans.

Quels sont ses symptômes ?

Les symptômes ne diffèrent pas beaucoup de ceux que peut présenter une femme de plus de 40 ans qui n’a plus ses règles, symptômes dus essentiellement à l’absence d’œstrogènes.

L’absence de règles (aménorrhée) est ce qui attire le plus l’attention chez une femme encore jeune et constitue le principal motif de consultation bien qu’il existe d’autres symptômes associés aux faibles taux d’œstrogènes comme les bouffées de chaleur, les dérèglements du sommeil ou / et émotionnels, la diminution du désir sexuel et la sécheresse vaginale qui peut provoquer des relations sexuelles douloureuses.

Comment se diagnostique-t-elle ?

Le diagnostic repose sur :

  • Un dossier clinique détaillé élaboré à partir d’un interrogatoire sur les antécédents familiaux en matière de FOP.
  • Une exploration physique générale et gynécologique.
  • Une analyse de sang mesurant les taux d’œstradiol (la plus importante des hormones produites par l’ovaire), qui auront diminué, et les taux de l’hormone folliculostimulante (FSH, produite par la glande hypophysaire située dans le cerveau), qui auront quant à eux augmenté en réponse à la réduction du taux d’œstradiol ovarien. Les évaluations seront répétées à plusieurs reprises afin de confirmer le diagnostic.
  • Lorsque l’insuffisance ovarienne est spontanée (sans motif apparent), on recommandera une nouvelle analyse de sang afin d’étudier les chromosomes (caryotype).

Quelles sont les conséquences d’une insuffisance ovarienne précoce sur la fertilité ?

En raison de l’absence d’ovulation et de la réduction des taux d’œstrogènes, le risque de stérilité est accru. Dans ce cas, les traitements de stimulation de l’ovulation son inefficaces, cependant, étant donné que dans certains cas, le dérèglement n’est que provisoire et que l’ovaire peut présenter un certain degré d’activité de façon intermittente, 5 à 10% des femmes réussissent à tomber enceinte spontanément même si, malheureusement, il n’existe aucun moyen de savoir si la grossesse s’enclenchera ni de savoir si les traitements de stimulation de l’ovulation seront efficaces.

Pour parvenir à obtenir une gestation, la technique de reproduction assistée passerait dans ce cas par un don d’ovules.

Quelles sont les autres conséquences de l’insuffisance ovarienne précoce ?

  • Ostéoporose : les os deviennent plus fragiles et le risque de fractures augmente.
  • Maladie cardiovasculaire : De faibles taux d’œstrogènes chez un sujet encore jeune peuvent contribuer à augmenter les risques d’accident cardiaque.
  • Dépression : La perte inattendue de la fonction ovarienne peut provoquer, chez la femme, un état dépressif. Il convient parfois dans ce cas de consulter un psychologue qui évaluera la teneur du problème.
  • Maladies auto-immunes : Il conviendra également de surveiller régulièrement chez ces femmes les autres glandes, thyroïde et surrénale, afin de détecter tout problème lié à l’insuffisance ovarienne.

Quelles sont les précautions à prendre ?

  • Mener une vie saine : en faisant un peu d’exercice, en suivant un régime riche en calcium et en évitant de fumer et de prendre du poids on réduira les risques d’ostéoporose et de maladies coronariennes.
  • Un traitement hormonal substitutif (œstrogènes et progestérone) est nécessaire et toujours recommandable. Il permet d’éviter les symptômes et les conséquences que nous avons évoqués ci-dessus. Il est recommandé de commencer le traitement le plus tôt possible et de le poursuivre jusqu’à l’âge habituel de la ménopause (vers 50 ans). La thérapie hormonale peut être prescrite sous forme de cachets, de patch ou encore de gel : les contraceptifs ne sont pas contrindiqués.
  • Ce traitement sera en revanche contrindiqué en cas de maladie thromboembolique ou après un diagnostic de cancer hormonodépendant.
  • Surveillance de la santé mentale et émotionnelle : un diagnostic d’insuffisance ovarienne précoce provoque souvent chez la patiente des crises d’anxiété et de dépression plus ou moins fortes, en particulier lorsque le désir de maternité n’a pu être comblé. L’aide d’un spécialiste permettra de trouver l’endroit adéquat pour exprimer et gérer les sentiments qui ne manqueront pas d’émerger dans une telle situation.
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